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thomas galler
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P.S. : Parlons de ton enfance. Tu es né en 1970. Tu te souviens de l'été 1977 ?

T.G. : Nous avons passé l'été 1977 à St. Marie de la Mer, où moi et mes sÏurs avons été placés chez des amis français de mes parents. Malheureusement, il n'existe pas des photos de cette époque, mais, en tout cas, je me souviens qu'on était tous très bronzés, bien que nous ayons plutôt une peau claire.

P.S. : Comment cela se fait-il que ces photos ont disparu et où étaient tes parents pendant cette période ?

T.G. : Nous n'en avions aucune idée et nous avions bien compris que nous ne devions pas le savoir. En tout cas, quand mes parents sont venus nous chercher à la fin de l'été, mon père a tout de suite déchiré toutes les photos et les a brûlées dans un feu dans la cour intérieure. Il était beaucoup trop dangereux de laisser des traces. J'ai gardé secrètement une photo de mon père avec des lunettes de soleil sombres, en chemise à carreaux et en jeans à la plage de St. Marie de la Mer.

P.S. : Et puis, ils vous ont ramenés ?

T.G. : Oui. Nous avons roulé encore quelques jours en voiture, direction sud, vers la frontière espagnole. Nous avons traversé la frontière quelque part dans les Pyrénées, La plupart du temps, nous avons roulé la nuit pour des raisons de sécurité.

P.S. : Tu as dû avoir une de ces peurs ?

T.G. : Je n'en savais pas assez pour avoir réellement peur. C'était parfois très fatigant d'être sans cesse en route, et de devoir se taire partout.

P.S. : Tu avais des amis à l'époque ?

T.G. : Mes parents ont là-dessus porté un æil sévère. Ils savaient qu'ils ne pouvaient pas nous interdire de parler ou de rentrer en contact avec des autres enfants, mais c'était lié à un risque énorme. Cela ne dure pas longtemps avant que les parents demandent à leurs enfants : qui sont ces gosses ?, d'où viennent-ils ?, qui sont leurs parents ? Ils vivaient dans une peur constante. Ce n'était pas possible de se faire des amis, puisque nous ne passions jamais plus que trois jours au même endroit, à part cet été en 1977, que l'on a passé chez cette famille en France.

P.S. : Si j'ai bien compris, pendant cette période, vous n'avez pas eu d'ennuis. Vous n'avez jamais été contrôlés ?

T.G. : Traverser les frontières, c'était jouer avec le feu, bien que nous ayons tous des papiers parfaitement falsifiés, qu'on avait un air très bourgeois et que l'on conduisait une voiture chère. On devait donner l'impression d'être en vacances. Il y a eu des contrôles de routine à la douane, mais qui n'entraînèrent pas le moindre incident. Une situation délicate s'est produite quelques heures avant le départ de St. Marie de la Mer quand ma petite sæur, alors qu'on était à la plage, a disparu soudainement. Il était exclu de lancer un avis de recherche, c'était trop dangereux. Je me souviens, ma mère était hors d'elle et mes parents, même plusieurs jours après, se disputaient violemment. Nous l'avons cherchée partout sur la plage et l'avons retrouvée quelques heures après sa disparition.

P.S. : A quel moment as-tu réalisé l'ampleur des activités de tes parents ?

T.G. : J'aimerais juste revenir à cette histoire sur la plage. C'était naturellement une forme de protestation contre les conditions de vie qui nous étaient imposées, à nous, les enfants. Ce sentiment de révolte s'amplifiait d'année en année, ce qui poussait mes parents à nous placer chez des amis dans des endroits différents, et ceci pour des longues périodes. J'avais, alors, déjà 10 ans et j'étais de nouveau en France, près de Perpignan. Je vivais éloigné de tout dans une maison sans mes sæurs au sein d'une communauté où il y avait de l'enseigenement à la maison. J'ai commencé à lire les journaux tous les jours, et c'était juste une question de temps jusqu'à ce que je rassemble tous les éléments du puzzle.

Boîte lumineux, tirage ektachrome, papier paint

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P.S.: Lass uns von deiner Kindheit sprechen. Du bist 1970 geboren. Erinnerst du dich an den Sommer 1977?

T.G.: Wir verbrachten den Sommer 1977 in St.Marie de la Mer, wo ich und meine Schwestern bei französischen Bekannten meiner Eltern untergebracht waren. Leider gibt es keine Fotos aus dieser Zeit, aber ich weiss noch, dass wir alle sehr braungebrannt waren, obwohl wir eher eine helle Haut haben.

P.S.: Warum sind diese Fotos verschwunden und wo waren deine Eltern damals?

T.G.: Wir hatten keine Ahnung und es war mir und meinen Schwestern ganz klar, dass wir das auch nicht wissen durften. Jedenfalls als meine Eltern am Ende des Sommers vorbeikamen um uns abzuholen, hat mein Vater zuerst mal alle Fotos zerrissen und in einem Feuer im Innenhof verbrannt. Es war viel zu gefährlich, Spuren zu hinterlassen. Ein Bild habe ich heimlich zurückbehalten, es zeigt meinen Vater mit dunkler Sonnenbrille, Karohemd und Jeans am Strand von St. Marie de la Mer.

P.S.: Und dann? Haben sie euch mitgenommen?

T.G.: Ja! Wir sind dann nach ein paar Tagen mit dem Auto weitergefahren, weiter Richtung Süden zur spanischen Grenze. Irgendwo in den Pyrenäen gingen wir über die Grenze. Wir sind meistens in der Nacht gefahren aus Sicherheitsgründen.

P.S.: Du musst grosse Angst gehabt haben?

T.G.: Ich wusste damals zu wenig um wirklich Angst zu haben. Es war manchmal sehr anstrengend, das ständige Unterwegssein, und immer und überall zu Schweigen.

P.S.: Hattest du Freunde damals?

T.G.: Darauf hatten meine Eltern ein scharfes Auge gerichtet. Sie wussten, das sie uns das Sprechen oder Kontakt aufnehmen mit anderen Kindern nicht verbieten konnten, aber das war mit einem sehr grossen Risiko verbunden. Es geht ja jeweils sehr schnell, das die Leute ihren Kindern Fragen stellen: Was sind das für Kinder? Woher Kommen sie? Wer sind ihre Eltern? Sie lebten in permanenter Angst. Freundschaften zu schliessen, was jetzt mal abgesehen von dieser Zeit im Sommer 1977, während dem wir Kinder bei dieser Familie in Frankreich untergebracht waren, nicht möglich, weil wir ja maximal drei Tage an einem Ort blieben.

P.S. : Es scheint, so wie du berichtest, dass in dieser Zeit alles glimpflich verlaufen ist. Ihr seid also nie in eine Kontrolle gekommen?

T.G.: Grenzübertritte waren ein Spiel mit dem Feuer, obwohl wir alle perfekt gefälschte Papiere hatten, sehr bürgerlich aussahen und einen sehr teuren Wagen fuhren. Es sollte so aussehen, als wären wir im Urlaub. Es gab die üblichen Kontrollen durch die Grenzposten, aber einen Vorfall diesbezüglich hat es nie gegeben. Eine heikle Situation entstand ein paar Stunden vor der Abreise in St. Marie, als meine Schwester, wir waren alle am Strand, plötzlich verschwand. Eine Vermisstmeldung aufzugeben, war nicht möglich, viel zu gefährlich. Ich weiss noch, meine Mutter war ausser sich und Vater und Mutter hatten auch Tage später noch massive Streitereien. Wir haben den ganzen Strand abgesucht und haben sie zwei Stunden nach ihrem Verschwinden wieder gefunden.

P.S.: Wann ist dir die Dimension der Aktivitäten deiner Eltern zum ersten Mal bewusst geworden?

T.G.: Nochmals schnell zurück zu diesem Vorfall am Strand. Das war natürlich eine Form des Protestes, gegen die Lebensumstände mit denen wir Kinder konfrontiert waren. Die Protesthaltung verstärkte sich bei uns von Jahr zu Jahr, was meine Eltern dazu veranlagte, uns an verschiedenen Orten bei Freunden zu platzieren, dies für längere Zeit. Ich war da schon zehn Jahre alt und wieder in Frankreich in der Nähe von Perpignan. Ich lebte ganz abgelegen in einem Haus ohne meine Geschwister in einer Kommune, wo es auch einen privaten Schulunterricht gab. Dort habe ich begonnen jeden Tag die Zeitung zu lesen und es war nur eine Frage der Zeit, bis sich alle Puzzleteile hatte, um sie zusammenzusetzen.

24.01.04 - 14.03.04